Pourriez-vous nous expliquer votre parcours académique et vos choix d’études ?
« J'ai étudié au lycée Gustave Eiffel à Bordeaux, connu autrefois comme un "lycée scientifique pour garçons" - ce qui me fait toujours sourire, car en terminale, nous n’étions que quatre filles sur une classe de 38 élèves. Après le bac, j’ai continué dans cette voie en intégrant la classe préparatoire PTSI au sein de ce même lycée. Attirée par l’informatique appliquée et la physique appliquée, j’ai choisi d’intégrer l'ENS Paris-Saclay en sciences pour l’ingénieur (formation Saphire). L’année prochaine, j’aimerais me spécialiser en génie électrique.»
Pourquoi avoir choisi les sciences ?
« J’ai toujours ressenti une attirance plus forte pour les matières scientifiques que pour les littéraires. Les sciences, pour moi, vont au-delà de la simple acquisition de connaissances : elles ouvrent des perspectives de pratique concrète. J’aime cette dimension fonctionnelle et utile des savoirs scientifiques, qui nous poussent à explorer et à expérimenter. »
Est-ce qu’un moment particulier à marquer ton parcours académique ?
« Un événement qui m’a beaucoup marquée, c’est l’inspiration que m’a donnée le personnage de Raven Reyes dans la série The 100. Raven est une fille indépendante et brillante, capable de piloter des avions, de réparer des systèmes électroniques, d’assumer des tâches décisives. Elle m’a inspirée. Ce matin encore, je travaillais sur un projet de soudure électronique pour adapter la connectique d’une partie embarquée, et j’ai eu cette impression d’être dans ses pas. Ce modèle m’a donné la force de m’orienter vers les sciences appliquées et de croire que je pouvais, moi aussi, réussir dans ce domaine. »
Quels sont les défis que vous avez rencontrés en tant que femme dans les sciences ?
« Depuis mes débuts dans les études scientifiques, la sous-représentation des filles est une réalité quotidienne. En classe, je me suis habituée à être l’une des rares filles, et heureusement, j’ai toujours trouvé un bon accueil parmi mes camarades masculins. Cependant, en classe préparatoire, être en minorité m’a parfois fait hésiter à poser des questions, par peur de me sentir isolée ou de ne pas paraître à la hauteur. C’est une difficulté que beaucoup de jeunes filles rencontrent, et j’ai appris à surmonter cette appréhension avec le temps.»
Pourquoi avoir postulé à la bourse Femmes en sciences ?
« Postuler à cette bourse relevait avant tout d’un besoin financier : ma mère est au chômage en ce moment, elle élève quatre enfants seule. Sans le soutien de la bourse, venir à Paris pour poursuivre mes études n’aurait certainement pas été envisageable. Cette bourse m’a permis d’être indépendante et d’avancer dans mon parcours en toute sérénité. Au-delà de l’aspect matériel, elle a également encouragé mes sœurs à croire en leurs capacités et en leurs possibilités. Enfin, j’ai toujours voulu encourager d’autres filles à s’engager dans des filières scientifiques. En participant, par exemple, aux journées portes ouvertes de mon lycée, j’ai réalisé combien il était important de représenter les filles et de montrer aux plus jeunes qu’elles sont aussi capables que leurs camarades masculins. Cette bourse m’offre la possibilité d’agir encore davantage dans ce sens. »
Quel est l’impact de la bourse sur votre parcours académique et développement personnel ?
« La bourse m’a apporté une tranquillité d’esprit inestimable : je peux vivre mes études sans constamment me préoccuper de ma situation financière. Elle me donne aussi les moyens de m’investir dans ce qui me tient à cœur. J’aimerais notamment organiser des visites dans les établissements scolaires pour présenter mon parcours et encourager les jeunes filles à envisager les sciences sans réticence. Le manque d’information sur les classes préparatoires et les parcours scientifiques crée souvent des obstacles, et il est essentiel d’informer les élèves le plus tôt possible pour leur permettre de faire des choix en toute confiance. »